On a tous une histoire avec un club.

Point de vue

Du club à la salle de concert plus institutionnelle, les lieux de musique live représentent les quatre murs entre lesquels les musiciens et musiciennes peuvent se développer, expérimenter et s'identifier à la scène artistique qui nourrira le meilleur de leur personnalité. En d'autres termes, les lieux de diffusion jouent un rôle important et central qu'il convient de toujours prendre très sérieusement. Un propos que nous rappelle la compositrice et vocaliste Sofia Jernberg avec son témoignage. ↓↓↓

Adolescente, j’étais avide d’entendre autant de musique live que possible, et je me rendais donc fréquemment dans tous les lieux possibles et imaginables, de l’opéra aux clubs clandestins. À l’époque, la ville où je vivais, Stockholm, était une ville dynamique avec de nombreux lieux de musique live. Et je me souviens très bien du lieu qui m’a le plus marqué à cette époque.

Le Glenn Miller Café était une petite salle au cœur de Stockholm. J’y ai grandi. On y jouait toutes sortes de jazz, du traditionnel au free. La musique était d’une qualité plus que remarquable, même si les artistes étaient payés selon la fréquentation. Tous ceux qui passaient par l’hémisphère nordique y jouaient. Ce qui rendait ce lieu si spécial, c’était l’atmosphère. Des vibrations magiques et de la bonne nourriture. La salle étant très petite, on pouvait s’asseoir aussi près que l’on voulait des musiciens. Parfois, on n’avait pas d’autre choix que de s’asseoir à 20 cm devant le trompettiste ou presque sur la batterie. Le fait de pouvoir littéralement toucher la musique et d’être si proche a été d’une importance indescriptible pour moi. C’était aussi un endroit où de nombreux musiciens et musiciennes venaient se retrouver.

En raison du caractère informel et de la petite taille de la salle, il était impossible d’éviter de parler avec les gens autour de soi. Les musiciens et le public interagissaient inévitablement les uns avec les autres. C’était un endroit où il était très facile de faire connaissance avec les musiciens et, en tant que nouvelle arrivante sur cette scène artistique, c’était inestimable.

À la suite d’une agression raciste dont j’ai été victime il y a quelques années, j’ai du mal à faire la part des choses entre mes souvenirs d’avant cet incident et ce que je ressens aujourd’hui à l’égard de ce lieu. J’ai fait de mon mieux pour mettre cela de côté et donner à ce lieu la reconnaissance qu’il mérite, même s’il ne m’est pas possible de le visiter à nouveau.

Je voudrais également mentionner le Bimhuis à Amsterdam. Comparé au Glenn Miller Café, c’est un palais de diamants et je suis sûr que beaucoup d’entre vous connaissent ce lieu magnifique. J’ai été invité par le guitariste Corrie Van Binsbergen à y jouer avec mon premier groupe, Paavo. C’était énorme pour nous, nous avions tous une vingtaine d’années et c’était la première fois que nous jouions en Europe continentale. Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant, le son était incroyable et la salle était parfaitement adaptée à la musique qu’elle présentait. Le niveau du technicien et de l’ingénieur du son était très impressionnant. Je n’avais jamais été dans une salle professionnelle comme celle-là. À Stockholm, tout était très bricolé, nous faisions notre propre son (il n’y avait souvent pas d’ingénieur du son), nous organisions les chaises pour le public, etc. Pouvoir accéder à un backstage avec des toilettes et même des douches était époustouflant.

Plus de dix ans plus tard, le directeur du Bimhuis a pris l’initiative de relancer le concept de « Rencontre d’octobre » qu’il avait lancé à l’époque. Il a invité des musiciens et musiciennes de toute l’Europe, une vingtaine de personnes au total. Nous pouvions y travailler pendant une semaine. Nous répétions et jouions dans différentes constellations, ce qui donnait lieu à un concert chaque jour. De nombreux musiciens et musiciennes avec lesquels je travaille aujourd’hui ont été rencontrés là-bas. Par exemple, Alexander Hawkins, Petter Eldh. Alexander Hawkins et Mette Rasmussen. De nombreux groupes ont été créés et de nouveaux contacts ont été établis.


library_books

Cet article est paru dans le deuxième numéro papier de Périscope Magazine Creative Spaces for Innovative Music, produit dans le cadre du projet Européen Offbeat. Retrouvez l’intégralité des articles du magazine en ligne sur notre page Europe
Version complète et numérique du magazine à consulter en ligne
Contactez-nous pour recevoir le numéro papier à periscope.communication@gmail.com