Culture & Santé, des chemins de rencontres sur la scène du Périscope.

En charge des interactions culturelles du projet Périscope avec une multiplicité de publics , Alice Rouffineau revient sur la collaboration entre l'hôpital Saint Jean de Dieu et notre salle de concert.

En 2007, naît à Lyon le Périscope : projet d’une équipe composée essentiellement de musicien.ne.s professionnel.le.s qui décident de réaffecter un ancien local artisanal situé dans le quartier Perrache, non loin de la célèbre Brasserie Georges. Douze ans plus tard, après la démolition des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph qui lui faisaient face, cette salle de concert se trouve aujourd’hui, au cœur de la presqu’île, dans un quartier en pleine mutation urbaine. Depuis l’initiative du projet, l’équipe défend la création de musiques “innovantes”, qui sont à l’origine du jazz et des musiques improvisées, aujourd’hui décloisonnées entre rock, noise, hip hop, musiques électroniques et expérimentales. Avec près de 200 ouvertures par an, la programmation du Périscope propose des concerts en soirée, des événements dans le cadre du Café Culturel (conférence, projection, cabaret poétique, rencontres, ateliers…), et d’autres rencontres à destination du jeune public en journée mais aussi de nombreuses résidences d’artiste au cours de la saison.

Le Périscope défend la création musicale et véhicule des valeurs de mutualisation et de co-construction de projet. Ces dernières années, s’est posée la question de nouvelles formes d’action pour une diversification des publics, à partir de la question : comment faire découvrir et même initier le plus grand nombre à l’écoute et à la pratique de ces musiques d’aujourd’hui ? Un des enjeux que nous nous sommes donné est de rassembler des personnes de divers horizons autour d’un projet artistique singulier sans distinction d’âge, d’origines, de métiers, de goûts et/ou de pratiques musicales, d’expériences de vie. Par ailleurs, grâce à la diversité des esthétiques musicales que le projet défend, nous avons développé différentes façons de favoriser l’écoute mais aussi de faire découvrir par la pratique de la musique qu’il s’agit d’un médium artistique accessible. En ce sens, nous nous efforçons de créer des espaces d’interactions avec les publics en facilitant l’accès aux concerts, en provoquant la rencontre avec les artistes et en proposant des dispositifs de pratique amateure contribuant à la fois à renforcer le lien social et l’émergence de nouvelles formes de création artistique.

Notre verbe d’action principal est faire… “faire pour, faire avec, faire ensemble…”. C’est aussi pour cela qu’au Périscope, nous défendons des formes de création participative avec des amateur.rice.s et des projets plutôt menés sur des temps longs. L’art participatif place le participant comme co-créateur d’une œuvre aux côtés d’un ou de plusieurs artistes invités. Cette forme de proximité permet d’appréhender un processus de création par l’observation et l’engagement actif. Elle peut favoriser, en outre, la confiance en soi et renforcer la cohésion de groupe en contribuant, nous l’espérons, à un meilleur vivre-ensemble.

En 2015, souhaitant ouvrir des perspectives d’échanges avec de nouveaux partenaires, nous avons initié un premier projet avec un établissement médico-social. Les enjeux de la rencontre entre des musiciens et des jeunes au sein d’un Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile, définis lors des échanges avec l’équipe ont confirmé notre volonté de nous investir sur ce terrain aux côtés de professionnels.

Brut Pop au Périscope

En 2016, la découverte du projet Brut Pop dans le reportage “Musique brute, handicap et contre culture” réalisé avec des patients de l’hôpital Saint Jean de Dieu nous a interpellé par son originalité et son exemplarité.

Brut Pop

Lorsque Cécilia de Varine, chargée du développement culturel à l’hôpital Saint Jean de Dieu nous a sollicité en 2018 pour contribuer à leur projet, c’est donc simplement et avec plaisir que nous avons accepté d’accueillir une des résidences de David Lemoine et Antoine Capet au Périscope. Cet atelier de pratique “hors les murs” proposé par l’institution hospitalière à des patients et soignants s’est déroulé dans la salle de concert du Périscope, espace dédié à la diffusion sonore. Cela a donné aux participants l’occasion de travailler au cœur de la ville, dans un espace adapté et confortable, avec des moyens professionnels d’amplification et d’écoute en quadriphonie et en profitant de l’obscurité de la salle.

Profitant de la présence des musiciens, nous avons aussi organisé une journée pour présenter à des patients et personnels accompagnants de divers établissements de santé de la fondation OVE (Œuvre des villages d’Enfants) dont nous sommes également partenaire le dispositif Brut Pop. Enfin, nous avons proposé en soirée aux professionnels de la santé et de la culture un temps de réflexion autour de la question de la création participative musicale dans les établissements de santé. Réfléchir avec d’autres acteurs de terrain nous permet de prendre du recul et  imaginer collectivement de nouvelles formes de partenariats. Et même si la réflexion n’a été qu’amorcée faute de temps, nous avons réussi à rassembler et faire se rencontrer la soixantaine de personnes présentes.

A travers ce projet, nous pouvons retenir que la mobilisation conjointe de professionnels de la santé et de la culture qui mutualisent leurs ressources avec une équipe artistique cohérente, permet de construire des projets sensibles et inventifs au profit de tous.

A travers ce projet, nous pouvons retenir que la mobilisation conjointe de professionnels de la santé et de la culture qui mutualisent leurs ressources avec une équipe artistique cohérente, permet de construire des projets sensibles et inventifs au profit de tous. Patients, éducateurs, soignants, artistes, coordinateurs culturels en établissements de santé et/ou culturel ont témoigné de leurs satisfactions et intérêt à l’issue du projet Brut Pop. Nous sommes ravis d’y avoir contribué, à notre manière.