En images | Emmanuel Scarpa, 3 questions pour faire le tour.

A l'occasion du concert de son trio Blue Yonder, le batteur Emmanuel Scarpa nous confie en quelques mots son ressenti sur l'improvisation, ses projets et la place importante qu'occupent les lieux dans l'existence et le développement des projets.

"L'improvisation fait partie de ma vie depuis maintenant bientôt 30 ans, alors oui je la considère comme étant un état d'épanouissement, un état d'être surtout, qui nécessite une véritable présence à ce qui peut arriver, sans jugement si cela pouvait être possible"

Bonjour Emmanuel, peux tu nous parler de ton rapport à l’improvisation ?

Emmanuel : « L’improvisation fait partie de ma vie depuis maintenant bientôt 30 ans, alors oui je la considère comme étant un état d’épanouissement, un état d’être surtout, qui nécessite une véritable présence à ce qui peut arriver, sans jugement si cela pouvait être possible … Je prends aussi l’impro comme une source d’inspiration, comme un terreau fertile à partager, à échanger, d’ailleurs quand je sens que je piétine dans ma vie musicale, il m’arrive de solliciter d’autres musicien.ne.s pour jouer dans la journée, sans aucun objectif de projet ou de résultat, juste pour improviser et en parler éventuellement, ce que je qualifie comme étant une sorte d’hygiène de l’improvisateur, indispensable pour éviter de tourner en rond dans ses petites habitudes, dans sa petite zone de confort. »

Peux tu nous en dire plus sur Blue Yonder et la place que ce projet occupe dans ton parcours ?

Emmanuel : « Je joue dans trois types de groupe ou projet, ceux initiés par moi-même, pour lesquels j’écris la musique, ceux collectifs, et ceux dirigés par une autre personne, dans lesquels j’apporte ma pierre à l’édifice. Je sais maintenant que pour mon équilibre j’ai besoin des trois (rires). Blue Yonder fait partie de la première catégorie, initié avec le saxophoniste Guillaume Orti et le pianiste Bruno Ruder. J’ai pensé la musique avec une idée bien précise du rapport entre l’écrit et l’improvisé. Avec des musiciens comme eux (qui sont remarquables n’ayons pas peur des mots), cela me permet de tenter de réaliser des vieux fantasmes avec des règles pour l’improvisation qui découlent directement du matériau écrit, et le matériau écrit est assez complexe mais on aime bien ça (rires). Il faut donner de la fluidité à tout ça, de la vie, de l’interaction avec de la place à l’erreur, pour ne pas que cette musique reste dans un laboratoire. »

On te croise très souvent chez nous. Que penses tu du Périscope ? (Soyons honnêtes, on est entre nous)

Emmanuel : « J’entretiens un rapport particulier avec les salles comme le Périscope, et plus particulièrement avec le Périscope lui-même, car je l’ai vu naître, grandir, et que je ne l’ai jamais quitté. Les lieux comme le Périscope sont indispensables car ils permettent tout ce que ne permettent pas les théâtres et les maisons de la culture – je ne crache pas dans la soupe car je joue également dans ces salles avec beaucoup de plaisir – je précise juste ma pensée : dans une salle comme le Périscope, si on souhaite essayer quelque chose assez rapidement sur le plateau, c’est en général possible, ce n’est pas un essai que l’on repousse de deux ans, quand l’idée s’est évaporée. Le Périscope, tout comme la Fraternelle à St Claude et autre, sont des lieux de vie, de croisement, de discussion. J’espère que le Périscope gardera son côté underground »

Interview réalisé en Février 2020. Photo © Paul Bourdrel