A la rencontre des Ateliers Claus À Bruxelles

Les structures rassemblées sous la bannière Offbeat se sont données pour mission de mettre en lumière les lieux dédiés aux musiques créatives en Europe et témoigner de la vitalité de ces espaces artistiques à contre-courant de l'industrie musicale. Première étape d’une tournée qui passera par plusieurs villes du vieux continent : Bruxelles.

C’est au cœur de l’Europe, dans cette cité internationale, polyglotte et vivante, que nous sommes partis à la rencontre des Ateliers Claus.


Implanté depuis 2006 dans une superbe bâtisse familiale (celle de la famille Claus) au sein d’un quartier résidentiel de la commune de Saint-Gilles, le lieu est devenu une référence en Europe pour les musiques improvisées et créatives. La salle accueille des artistes belges et internationaux, pour autant qu’ils soient fascinants, expérimentaux, innovants et uniques. Sont passés sur la scène des Ateliers Claus de nombreux artistes du monde entier, du français Pierre Bastien à l’américain Thurston Moore ou encore le portugais Joao Lobo, le polonais Piotr Kubek

Une identité internationale qu’on retrouve dans la programmation mais aussi dans l’équipe, constituée de 3 salariés permanents et 2 à temps partiel, qui regroupe des belges, un français, un allemand et une lituanienne.

« Nous accueillons 50% d’artistes belges et 50 % d’artistes étrangers » nous confie Tommy De Nys, qui dirige le lieu. Ce soir là, ce sont les anglais de Still House Plants et la française implantée à Bruxelles Roxane Metayer qui viennent faire résonner les murs de béton brut au son d’un punk rock expérimental et chaotique pour les uns et d’une musique synthétique et minimale pour l’autre. Un grand écart esthétique typique de la salle bruxelloise, qui ravira les 180 personnes présente ce soir. Une foule plutôt jeune qu’on entend discuter en français ou en flamand autour du bar, bien achalandé en bières locales.

L’assistance est constituée de quelques curieux et de beaucoup d’habitués du lieu. Les Ateliers Claus organisent chaque année une soixantaine de concerts dans leur salle ainsi qu’un concert par mois hors les murs, dans des cinémas, des abbayes, etc…


A cette activité de diffusion, déjà consistante, s’ajoutent les nombreuses résidences d’artistes. Chaque année, une douzaine d’artistes ou groupes viennent profiter des espaces offerts par la structure pour créer. Certains y donnent un concert dans la foulée, à l’instar de l’italienne Silvia Tarozzi ou de Caroline Profanter qui y joueront en mars. D’autres encore y enregistrent un disque.

Car la musique enregistrée est le troisème axe du projet des Ateliers Claus, avec Les Albums Claus, label indépendant qui produit albums live et studios à un rythme aléatoire mais qui s’est accéléré ces dernières années avec 17 sorties en 2021. En ce début d’année 2022, le label a sorti le très beau disque folk Ma Délire de la canadienne Myriam Gendron. Une activité complémentaire qui permet de diversifier les sources de revenus des Ateliers Claus, en plus des subventions et de la vente de billets de concerts et de boissons.


« Les subventions payent le fonctionnement : salaires et charges fixes. Les activités de concerts et le label s’autofinancent à 100 %. »

Tommy De Nys

Au départ, le lieu était complètement autonome et opérait dans une quasi clandestinité. Depuis une dizaine d’années, le lieu est reconnu des pouvoirs publics et bénéficie de subventions de la ville et du gouvernement flamand.

Une dernière activité, plus récente, s’est ajouté aux nombreuses missions que s’est assigné le lieu bruxellois : les bookings Claus. Martin Vernier, tourneur français installé à Bruxelles depuis plusieurs années et fin connaisseur des scènes musicales « libres et expérimentales » est à la manoeuvre et diffuse une vingtaine de projets belges et internationaux un peu partout en Europe, en partenariat avec d’autres producteurs de concerts. « Je viens aux Ateliers depuis de nombreuses années, avant même de me dire que j’y travaillerais un jour. » nous confie Martin. Car le lieu est en effet devenu au fil du temps un lieu essentiel de la vie culturelle bruxelloise et du quartier mais plus globalement de la scène musicale « alternative« , « expérimentale » ou « aventureuse« , peu importe le nom qu’on lui donne. « C’est un lieu où le public vient les yeux fermés, en faisant confiance aveuglément en la programmation. » nous relate un amateur de musique rencontré ce soir là. 


Autour du bar, après les superbes concerts de Still House Plants et Roxane Metayer, les verres se vident et les platines diffusent garage, musiques électroniques et autres réjouissances du monde entier, pour un public qui n’a pas décidé de se coucher tout de suite…


Offbeat est un projet Music Moves Europe cofinancé par l’UE et initié par le Périscope en partenariat avec le Petit Faucheux (France) et le BMC – Budapest Music Center (Hongrie) en 2021.


Basé sur une collaboration européenne et un partenariat avec différents réseaux, nous avons l’intention de découvrir, rencontrer, connecter avec des espaces créatifs afin de fédérer des clubs et des lieux culturels hybrides. Il s’agit de mettre en lumière le rôle et l’impact des lieux qui sont au cœur des scènes artistiques, qui mettent en œuvre des ressources techniques, humaines et artistiques pour leur permettre de se développer de l’échelle locale à l’échelle européenne.